Il y a juste un an tout était encore relativement clair. L'instauration de la limite à 80 suivie des revirements et de l'éclatement des niveaux de décision aboutit à une confusion généralisée.
- KEKEREPUS, 8 juin 2019. On pouvait s'attendre à ce que la sortie de la mesure très contestable de nouvelle limitation prise au début de l'été 2018 soit compliquée. Elle l'est encore plus que prévu, car elle s'est accompagnée, crise interminable des gilets jaunes aidant, de la prise en compte des mille et une humeurs des élus de tous les étages. Fondamentalement, le mélange de la sécurité avec des préoccupations politiciennes nationales et locales constitue un non-sens inacceptable dans un pays moderne, et l'espoir non contestable de perspectives de recettes parafiscales rend le sujet franchement nauséabond.
Difficile de savoir qui, désormais, des préfets, des élus régionaux, départementaux ou municipaux, peut déterminer in fine la vitesse limitée sur une route. Lors de la mise en œuvre de ces 80 Km/h, avec la subtile nuance des routes à plus de deux voies, les successions 80-90 accompagnées des limitations locales (70 par exemple) ont conduit bien des conducteurs à ne plus trop savoir quel impératif concernait chaque point du réseau. Loin de mettre un terme à cette pagaille, les dernières décisions en date risquent surtout de la renforcer.
C'est ce que laisse prévoir cette décision locale (photo) mise en exergue dans le grand quotidien de la région Ouest, choix qui, d'ailleurs, pourrait bien être contesté par certains maires. En campagne, autrement dit, sur l'immense majorité du territoire, les limites de communes ne sont pas celles des agglomérations (ou zones construites). Les élus municipaux sont donc à même de régner sur les limitations d'une part considérable du pays, et il restera à observer les choix d'équipes de communes limitrophes, pas forcément sur la même longueur d'ondes. Et n'évoquons même pas le cas des intercommunalités*, où il n'est pas certain que les uns et les autres soient en mesure de s'entendre. Tout cela parce que, loin de faire reposer la sécurité sur des dispositions purement et exclusivement techniques, la circulation routière est sous le joug d'une stratégie appuyée sur le répressif.
* Insolites pieds de nez à la démocratie, qui conduit des électeurs d'un certain penchant politique, ayant élu des maires en accord avec leurs préférences, à se voir imposées les décisions d'élus du "camp d'en face".