Riche et conviviale. Pour son édition 2019, le rassemblement de véhicules anciens organisé par les jardineries Laplace a tutoyé les sommets du genre. Une des plus belles réunions d'anciennes, niveau national…
- KELEREPUS, 6 mai 2019 – Attention, ce qui suit n'est que le petit bout visuel d'un événement qui n'a pas attiré moins de 1.400 véhicules…! Merci à l'astre suprême d'avoir bien voulu inonder de ses rayons, un peu trop sur la retenue en ce printemps 2019, et de ne pas avoir cherché à ternir une si belle fête. Reconnaissons que si le cadre de la jardinerie Laplace* est hors normes (surtout en région parisienne), l'organisation l'est également. Régulièrement tenue le jour de la Fête du Travail et du muguet, ce depuis des années, cette journée placée par son organisateur sous le label "pique-nique" est un modèle du genre. Voilà qui change des parkings d'hypers, des places monumentales, des salles de fêtes- gymnases aux peintures défraîchies ou des espaces plus ou moins bien adaptés aux circonstances. C'est un événement qui, pour sa part, se tient dans un domaine relevant du "privé". Et quand privé, foi et énergie se rencontrent, il n'est besoin d'aucun dieu pour que des miracles s'accomplissent. Voici ce très succinct survol en images d'un moment qui ne peut pas empêcher une lancinante question de venir à l'esprit…: ceux qui veulent mortifier le moteur thermique, à explosion (!), sont-ils dans une quête pertinente…?
Belles somptueuses et populaires à croquer, très anciennes ou un peu moins, pour la ligne ou pour les performances, pour les symboles qu'elles incarnent ou comme d'inoubliables et émouvants souvenirs, elles se sont rassemblées et les regards portés l'auront démontré une fois encore, l'automobile est une union intime entre technique, art et culture.
Les années folles, la belle époque, il fut un temps où l'automobile avait des accents à la fois lyriques et aventuriers. Loin de la crise, n'entendant encore aucun bruit de botte, les constructeurs s'évadèrent vers des sommets, élans artistiques et m'as-tu-vu que les bouchons de radiateurs semblent signer dans une surenchère permanente, faisant le bonheur de certains artistes, comme le sculpteur hongrois Zoltan Kovats. Entre l'ambiance chaleureuse d'un vernissage sabré au meilleur Champagne et la silhouette de l'automobiliste emmitouflé, casquetté, lunetté, lancé dans une bourrasque rebelle, concentré sur la maîtrise d'un tel bolide à plus de 80 km/h, les racines de la mythologie automobile dont tout découle s'inspirent autant du surhumain que du surnaturel.
De la musique, à boire, à manger, à discuter, à raconter, à se remémorer, voire, à négocier... L'affluence à Chelles n'est pas seulement énorme, elle frôle l'insolence, presque pied-de-nez à peine dissimulé à l'égard de ceux qui ne rêvent que d'un trépas rapide de l'auto.
Française et au top dans son époque, l'Alpine, qui est en train de renaître chez Renault, a de solides antécédents. Doublement admiratifs, les regards étincellent…
La forme, ou les formes, cela s'observe aussi avec délectation dans les détails (Renault 16-TX).
Des véhicules, et pas seulement des automobiles. Le genre "moto" était bien représenté, avec images et sons…
Dans l'automobile, les légendes se suivent à cadence régulière. Deux exemplaires qui furent des révolutions, et sont toujours vues de cette façon. La techno se mélange souvent à un certain toupet des ingénieurs et des ingénieux…
Des véhicules, et pas seulement des automobiles. Le tracteur est présent pour le rappeler, dans cette jardinerie pas comme les autres. Le moteur thermique n'a pas engrangé ses heures de gloire seulement dans nos avenues, sur nos routes et nos autoroutes. Sa vie des villes et sa vie des champs font un tout.
L'Amérique n'a pas hésité à véhiculer à sa façon l'auto dans des créations proches de la démesure. Années 60, voilà un échantillon toujours vivant de ce rêve américain, qui se consomme non pas en songe mais en réalité au quotidien outre-Atlantique. Sous l'influence d'une aviation qui se démocratise, pourquoi ne pas donner des ailes aussi à l'auto. (Chevrolet Impala). C'était l'époque où l'Hexagone se contentait de rêver d'une 4CV ou d'une Traction, et ou toute américaine était considérée comme une voiture de luxe.
Dans la même Chevrolet, le tableau de bord se fait presque plus raisonnable.
Autre facette de ce rêve venu de l'Ouest, la Ford Mustang… pardon, une Ford Mustang. Un rêve qui s'écoute autant qu'il se regarde...
Une certaine hauteur, une hauteur certaine. Ce 4x4 d'une autre époque fait penser aux pistes sahariennes qu'il aurait pu affronter. A moins que, plus modestement, ce Renault ne soit affecté à des versants parsemés de gués à franchir sur les montagnes savoyardes…
Pour une maison de maçon, il faut un maçon, et pour ce dernier, de quoi transporter pelles, sable, sacs de CPJ, une nécessité qui n'a pas échappé à Peugeot…
Qu'il soit 203, 403, 504, l'utilitaire issu des chaînes de Sochaux est resté (presque) pareil à lui-même dans sa réponse positive à la pelle…
Sous le regard du Lion, la vielle dame de l'automobile française ne transportait pas que des matériaux. Cette berline, qui ne brillait guère dans les côtes, au point d'agacer ceux qui déjà, fonçaient au volent de leurs tractions, ne manquait pas d'une certaine élégance puisée, il faut bien l'avouer, dans des profils déjà vus aux Amériques.
Il fut une époque où, dans un rétroviseur, le faciès de l'auto qui arrivait en révélait l'identité. L'étoile pour la Mercedes, les chevrons pour la citron, et ce regard pincé, celui d'un féroce félin qui déjà, fronce des yeux avant de rugir…!
Le vocabulaire nous joue des tours agréables. De l'auto d'hier, se propage un plaisir qui se nourrit d'une étrange intimité entre la gourmandise et le plaisir des yeux. Restauration est en effet un substantif mariant le fait de se sustenter avec qualité et celui de redonner aux autos (entre autres objets) leur lustre un moment égaré. Cette VW Karman est un exemple de cette restauration qui jongle avec la perfection. Comme des meilleurs plats, on en redemande…
Le Combi VW (ou Kombi) fait partie de ces véhicules qui ne cessent de se bonifier au fil des ans, et ne se prive pas d'une vie également très actuelle, en particulier en camping-car dont, pour des vacances "aventure et liberté", les qualités ne cessent d'être louées (agilité, silence de fonctionnement grâce au moteur à l'arrière, visibilité sans équivalence, et possible carte postale de San Francisco…)
Ce quatre cylindres à plat n'en a pas l'air (avec lequel il se refroidit) mais il est passé par une infinité de destins, de la route au militaire, du tourisme à l'utilitaire, du citadin au globe-trotter, et n'a pu échapper à une multitude de traitements…
Ce même quatre cylindres à plat est ici dans une version encore plus musclée qu'un biceps d'athlète façonné aux substances peu appréciées des anti-dopeurs. Et il n'anime pas un véhicule pour la course en circuit fermé, mais le pick-up qui suit…
Voici le super Combi signé Girod-Roux, une véritable célébrité des rassemblements VW, et des magazines de la même confession. Profil gauche…
Et le profil droit de ce même dévoreur de kilomètres, qui les avale goulûment, sous des regards qui ne peuvent pas toujours suivre… Essayez de fixer des yeux la balle d'un fusil fraîchement tirée…
La place n'est jamais mesurée pour des anciennes qui ont déjà un certain âge, et même un âge certain. Pour elles, l'environnement fleuri ajoute une touche pittoresque qui rappelle que nous sommes quand même dans une étonnante jardinerie (même sans les autos… on n'échappe pas à certains traits de caractère).
Entre nous, une petite astuce ne nous a pas échappé. Ainsi baignées dans un océan de fleurs, il est plus difficile à des mains maladroites de venir par inadvertance laisser quelque blessure, même superficielle et très involontaire, à laquelle il est utile de ne pas exposer ces dames âgées.
Combien de valises aurait-on mis dans ce malle arrière…? Voilà une question qui n'a certainement pas échappé aux interrogations de l'Auto-Journal (à vérifier dans les consistantes archives de KELEREPUS et surtout de DVSM). Même si, entre nous, ce logement pour les bagages intéressait sans doute beaucoup moins les commentateurs des années 50 qu'un 6 cylindres qui ne manquait pas de coffre…
Bon, d'accord, comparée aux limousines d'Amérique, cette belle "15" est à l'échelle de chez nous. Mais les jambes des passagers peuvent être déployées dans leur grande largeur, tandis que des yeux, le décor qui défile s'admire par un hublot placé juste où il faut.
Attention, la vitesse, c'est dépassé, et les gendarmes surveillent. Toutefois, leur surveillance d'aujourd'hui n'est plus aussi sympa et complice qu'elle le fut jadis quand, du côté de Saint-Tropez, une brigade émerveillait la toile, non d'Internet, mais du 7ème art.
Déjà dit plus haut, il y a des récidivistes dans l'art de cuisiner les révolutions. Qui sait, si André Citröen était encore parmi nous, peut-être imaginerait-il une 2CV se déplaçant dans un tube sous vide à deux fois la vitesse du son, permettant de livrer à Tokyo –sans les casser- en moins de 30 minutes 12 œufs frais pondus du matin en Normandie, laissant loin dans le banal les projets d'Elon Musk.
Si elle n'est pas trop présente dans ce rapide résumé, l'empreinte britannique est un incontournable sujet du passé automobile auquel le grand moment de Chelles n'a pas pu échapper. Ce joli cabriolet déjà sur le chemin du retour le souligne.
Simple question, en marge de l'expo, dans les fourrés et les arbustes de la propriété, sommeillent des choses qui, elles aussi, mériteraient une belle restauration. A chaque jour suffit sa peine.
Laplace, c'est une très longue histoire, "Créée par mon papa", explique avec émotion le Monsieur Laplace qui aujourd'hui pilote tout cela, encore plus un brillant "Monsieur Loyal", pour la circonstance.
* Jardinerie Laplace, 78 Route de Montfermeil, 77500 Chelles.