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Alors que l'automobile est la cible de multiples agressivités et rejets, l'événement parisien qui en remet chaque année le passé en lumière revêt un statut encore plus révélateur, que le temps passé et le temps présent justifient.
- KELEREPUS, janvier 2019 - Comment ne pas se réjouir du retour de l'heure de Rétromobile, qui se tiendra à Paris (Porte de Versailles) du 6 au 10 février 2019...? Comme chaque année, ce moment ouvre symboliquement (parfois plus que concrètement) la voie à la belle saison. Certes, en 2017, cette annonce non du printemps, mais de la confirmation de son arrivée prochaine, avait été contestée par le vieux bonhomme hiver. Celui dont Charles d'Orléans avait bien compris qu'il n'était qu'un vilain avait pourtant apporté un formidable rayon de soleil. Alors que bien des salons découvrent leur avenir contesté, le rendez-vous des anciennes n'avait été qu'à peine émoussé (dans sa fréquentation), alors que se vivait, lors de son premier jour, l'un des épisodes neigeux les plus immobilisants qu'ait connu la région parisienne. Mais il y a cette année encore davantage de bonnes raisons de voir d'un œil réjoui arriver ce traditionnel point de rencontre.
Ce sont les chiffres qui nous apportent ce motif générateur de plaisir qui sont les premiers responsables. 2019 arrive pile 60 ans après 1959*. Soit l'époque d'une assez spectaculaire convergence, symbolisée par l'anniversaire et les 60 bougies de la Mini. Un véhicule qui, comme on le mesure aujourd'hui, traduisait une véritable étape historique dans l'auto. Un "concept", comme on en parlerait aujourd'hui, dans lequel se célébrait le mariage d'une simplicité exemplaire avec des choix techniques audacieux qui ont largement fait école (traction, moteur transversal, habitabilité, faible encombrement extérieur, etc...). Mais cette légende sur 4 roues qui, dans ses versions modernes, reste tout aussi désirable, n'a pas été le seul modèle issu de cette grande époque, laquelle coïncide avec un autre repère. C'est le moment où les premières vagues du baby-boom arrive à une adolescence avancée. Une grande époque...? Non, "toute une époque", qui véhicule depuis lors ses attraits, ses nostalgies, ses valeurs.
Rappelons, contrairement à ce que feront bien des chroniqueurs, non pas le début, mais la fin de cette année 1959. Arthur Conte, dans son ouvrage de sa série des "1er janvier" consacré au jour de l'An 1960, soulignait par sa première phrase.: "Il ne fait pas froid", ajoutant que les parisiens s'attardaient aux terrasses. Pas encore tombés dans le panneau (solaire), ces jeunes, dont certains sont déjà devenus de jeunes septuagénaires, vivent avec beaucoup de méfiance à l'endroit de ce qui entoure bien des éléments de notre vie quotidienne, où le gazole est supposé nous tuer, et l'automobile condamner la planète à relativement court terme**.
Ne faudrait-il pas rappeler que cette automobile, qui passionne encore mais que d'autres voudraient détruire, a été et reste un outil de transport, un équipement de loisirs (vacances, promenades...), un colossal ingrédient de l'activité économique, un support permanent de progrès technique et un champ sans limite pour la création touchant le style de vie, le design, et de nombreuses valeurs artistiques. C'est un bien précieux à travers toutes ces dimensions. Ne pas préserver l'auto serait aussi grave que de sacrifier la littérature ou l'art pictural. YD
* L'auteur de ces lignes, qui a vécu Rétromobile dès sa première édition, à la gare de la Bastille, mesure bien ce temps passé.
** L'auteur de ces lignes, encore, à défaut de tomber dans la sombre famille des "climato-sceptiques", aussi mal vus que les négationnistes, revendique le droit à être malgré tout quelque peu climato-interrogatif, cherchant, par exemple et sans y parvenir, à évaluer si une part de lobbyisme intéressé ne serait pas un peu à la source de ce qui anime cette phobie de nos lendemains réchauffés, qui, entre autres, fait circuler l'auto dans un couloir pavé d'obstacles.