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En février 1969, le Boeing 747 décollait pour son premier vol. 50 ans plus tard, et après bien des péripéties, le marché des gros porteurs s'est fondamentalement métamorphosé.

 

- KELEREPUS, janvier 2019. L'A380 est probablement aujourd'hui l'avion qui a le plus de mal à se vendre. Qui aurait pu le croire, quand on sait ce que le transport aérien a gagné et conquis grâce à ces aéronefs géants, les "doubles couloirs", et la démocratisation du voyage lointain qu'ils ont favorisé…? 1969. Déjà dans l'univers de l'information et très intéressé  par tout ce qui s'élève dans l'air, l'auteur de ces lignes* arrive au carrefour situé à quelques mètres du seuil de la piste 25 du Bourget. Une énorme silhouette est immobilisée, claire, presque frêle malgré tout. A l'angle de la nationale 370, bordée par la vaste étendue que tous les locaux connaissent sous l'appellation "les tulipes de France", le trafic est dense.

 

Pourtant, rares sont les regards qui se portent vers ce qui va devenir une révolution. Il faut souligner que lors de cette édition 69 du salon, l'attraction numéro un, celle sur laquelle se concentrent les médias, est le Concorde, considéré comme le produit d'avenir des transports aériens, le gros machin américain ne bénéficiant pas des mêmes prophéties. Tout le monde peut se tromper.

 

Le premier des Boeing 747 s'est posé, pour une présentation lors de ce Salon de l'Aéronautique et de l'Espace qui se tient sur l'aéroport, lequel est toujours en service. On y voit quotidiennement des Caravelle, devenant doucement le court et moyen-courrier du Vieux Continent, mais aussi des Vickers Vanguard (BEA), des Lookeed Electra (KLM), un Convair 440 dit "Metropolitan" (Sabena), etc. Considéré par certains comme un peu fou, ce projet d'un appareil capable de transporter au moins 350 passagers n'est plus un projet, mais une réalisation concrète. La suite de l'histoire est à la fois connue et méconnue. Impressionnés par un développement considéré comme majeur, les concurrents de Boeing ont bel et bien dû réagir. Lors de ce même salon, Lookeed montre sur un stand l'ébauche de la cabine de son futur Tristar. Sur la côte californienne, chez Douglas, le "Douglas Commercial.10" ou DC10 est aussi dans les développements en cours. Ces produits ne seront pas de francs succès commerciaux. On peut même parler de semi-échec pour Lookeed, et d'un succès mitigé pour Douglas. Car Boeing et son mastodonte va en cadencer les évolutions à un rythme finalement élevé. Quand on tient la corde…! L'augmentation de la capacité (pont supérieur allongé du 747-300) et la métamorphose de l'avionique (747-400) vont faire basculer le concept autant que la distance franchissable, éliminant les coûteuses et fatigantes escales.

 

Toutefois, pour son usine d'Everett le constructeur a d'autres atouts dans sa manche. Le premier est concrétisé par son 767, double couloir initialement analysé comme un concurrent de l'A300 d'Airbus, gros porteur moyen-courrier. Mais qui, avec les données nouvelles des ETOPS (Extended-range Twin-engine Operation Performance Standards), en clair, le franchissement de très longues distances avec des bimoteurs, remet les grandes lignes du transport aérien à plat. Très ancienne, cette innovation dans la réglementation est celle qui, déjà, pose un douloureux problème au 380 (alors projets XXX). Car elle ouvre l'ère des liaisons multiples sur des longs trajets, donnant à la clientèle le choix de partir le matin, en journée, le soir, ou l'application de ce même choix à son heure d'arrivée.

 

Le 380 est une excellente création, mais arrivée trop tard d'au moins une décennie (ceux qui ont longuement tergiversé pour lancer le projet doivent méditer ce point). Tout comme le 747-800, échec complet. Le 747 entamait déjà sa fin de carrière quand le gros Airbus faisait son premier vol. Doucement, les "grandes compagnies" se séparent, si ce n'est déjà fait, de ces machines qu'elles remplacent par des aéronefs bien dans l'époque actuelle. Il est à prévoir que le demi-siècle de ce géant du ciel soit largement commémoré au moins de février à juin 2019.

 

* Yves Dupré, rédacteur en chef, créateur et éditeur de DVSM et KELEREPUS.

 

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Tag(s) : #- ACTUS, #- Manches et palonniers
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