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Histoire vraie d'une promenade ferroviaire vieille d'il y a nettement plus de 60 ans... KELEREPUS raconte...

 

- KELEREPUS, juillet 2018 – Souvenirs, souvenirs… La nuit est tombée. Mais quelle journée…! Vers 9H00, un rapide au départ de Paris Austerlitz, emmené par une "femme enceinte" (comprenez la 2D2-5542 ou l'une de ses frangines toutes proches) a d'abord traversé au pas de gymnastique une Beauce toute ensoleillée. Puis, le rythme soutenu a persévéré jusqu'à Vierzon, toujours sous un frais mais beau ciel sans le moindre nuage. Les arbres, nus de feuilles, presque squelettiques, rappellent que décembre se prépare à la venue imminente du vieux papy tout de rouge vêtu. Tentant de ne rien perdre du décor qui défile, accoudé à la barre de la fenêtre du couloir, un voyageur a quand même demandé au contrôleur si, à destination, il y avait quand même un peu de neige… C'est vrai, cela serait tellement dommage de se retrouver sur un maigre gazon frileux, pour une première virée aux sports d'hiver, entre nous bizarrement choisie en Auvergne alors que tant de racines savoyardes ont nourri la famille. "De la neige…? Oh que oui, cher Monsieur…! L'autorail ne pouvait même plus y passer ces derniers jours, il a fallu mettre le train à vapeur et la locomotive avec son chasse-neige".

 

Viennent alors quelques correspondances. À Neussargues, le décor a bigrement changé. Un chien et loup de fin d'après-midi précoce commence à napper les monts du Cantal. Sur le quai, des flocons épars installent sans un bruit une subtile moquette blanche. À Arvant, les flocons ne sont plus épars. Ils se pressent. Nous aussi, car déjà, venant de Clermont (Ferrand, bien sûr) l'autorail ne nous laisse pas le temps d'admirer cette farandole virevoltante. D'autant que dans le gros engin métallique tout de rouge et de crème vêtu, la mécanique ronronne bruyamment, comme pour se préparer, tel un grimpeur de la grande boucle, à gravir des pentes qui imposent une santé d'athlète. Départ. Et s'alternent alors les virages, les reprises musclées entrecoupées de courts moments d'un relâchement réparateur, précédant l'attaque du raidillon suivant. Sous les yeux ébahis des voyageurs, le spectacle est devenu grandiose et féerique. Le frêle éclairage de l'autorail projette une lumière fuyante sur des milliers de sapins à la peine, retenant un matelas neigeux d'une ampleur certainement exceptionnelle. Voici Murat, un court arrêt, et encore quelques kilomètres pour atteindre la petite gare du Lioran.

 

Les voyageurs sont nombreux à descendre sur les quais et à se faufiler avec prudence. Ça glisse un peu entre les amas monumentaux de poudreuse érigés au gré des déneigements successifs. Majestueux, le château d'eau* habille d'une imposante silhouette floue le fond du tableau. Nous sommes au confluent des années 1950 et 1960**. Dans une France dont à peine plus de 30% des ménages sont motorisés, le voyage en train domine encore les transhumances vers les lieux de vacances. Et des voyages comme celui-ci laisseront des souvenirs indélébiles dans les mémoires de ceux qui en auront profité (la preuve). L'autorail est reparti, ayant enfin franchi avec succès le sommet de son rude parcours, s'engouffrant sans plus attendre dans le long, long, long tunnel (presque 2 kilomètres), avant de plonger, en faisant cette fois bien attention de ne pas se laisser emporter par la descente, vers Saint-Jacques (de Blats), Vic-sur-Cère et Aurillac. Désolé pour elle, il y a longtemps que l'on ne pense déjà plus (très provisoirement) à cette femme enceinte et à la Beauce ensoleillée.

Yves Dupré.

 

* Devenu monument historique depuis.

** Fin 1960 exactement.

      

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Tag(s) : #- ACTUS, #- Train, trains..., #- KELEREPUS RACONTE...
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