Un petit pavé dans la marre…? Peut-être. N'y a-t-il pas trop d'automobiles de collection pas assez bien restaurées…?
- KELEREPUS, avril 2018 – Voilà qui ne va pas faire plaisir à tout le monde.
Au gré des réunions et rassemblements que nous explorons avec assiduité, certes, de nombreuses automobiles sont visibles, et la foule des spectateurs ne faiblit pas. Pourtant, une importante proportion des véhicules présentés dans ces événements sont loin de pouvoir être qualifiés de ce fameux "état concours", ni même de s'en approcher. Dommage dans deux sens quasi opposés. D'une part, ceux qui sont en dessous d'un niveau de présentation satisfaisant n'ont que peu de chance de tenter des adeptes potentiels, des collectionneurs qui sont "sur la pente savonneuse" capable de les entraîner dans ce loisir pourtant ô combien plaisant et gratifiant. D'autre part, les trop rares véhicules réellement superbes le sont en suscitant un réflexe bien compréhensible de la part de spectateurs se disant que le coût d'aussi belles restaurations doit être tel qu'ils sont d'emblée hors du "coût". Et entre ces deux extrêmes, le juste milieu est assez difficile à dénicher.
Mais au fait, qu'est-ce qu'un "niveau de présentation satisfaisant"…?
La réponse peut paraître difficile à exprimer. Et elle ne peut être limitée à cet "état concours" évoqué ci-dessus, et qui peut être synonyme de dépenses extrêmes. Ce niveau peut en revanche décrire des véhicules sur lesquels il n'y a pas un élément qui choque négativement. Par exemple, un bel extérieur qui brille, mais un intérieur avec des sièges ou des sols en piteux état, ou encore des points de corrosion qui, tels les traces d'acné qui boursoufflent de jeunes visages, incitent plus à un regard éloigné qu'à une approche trop intimiste.
Dès lors, peut-être faut-il rappeler quelques éléments fondamentaux.
La collection d'anciennes est un loisir, et comme tous les autres loisirs, il implique des dépenses. L'idée qu'une ancienne est un capital qui va rapporter plus que le Livret A (ce n'est pas difficile…!) est à nuancer. Sur le long terme, beaucoup de véhicules prennent de la valeur, à condition… de rester dans un état… satisfaisant. Mais les valeurs fluctuent selon les périodes. A la différence du livret déjà cité, l'argent d'une ancienne n'est pas forcément immédiatement disponible. Lors d'une cession, il faut tomber sur un acquéreur prêt, donc qui a l'envie, l'argent et a eu la chance de rencontrer le vendeur, et réciproquement.
Des dépenses, mais pas seulement.
La collection nécessite aussi un certain investissement personnel. C'est une "activité", par opposition à une passivité. Si le passage par un atelier de sellerie ou un professionnel de la (bonne) peinture nécessite quelques liquidités (mais en général, cela sera pour une seule fois dans la vie du véhicule), d'autres opérations sont accessibles à quelques soirées ou week-ends (quitte à manquer Koh Lanta) et des doses raisonnables d'huile de coude. Rappelons à ceux qui souffrent (ce n'est pas une blague) des tendons de la coiffe des rotateurs ou d'une énervante périarthrite que lustrage d'une carrosserie peut se faire en plusieurs épisodes.
Une ancienne peut quand même rapporter, surtout si l'on s'en sert.
Outre le plaisir tout court, une ancienne peut sérieusement émousser un budget global "auto", car elle peut bénéficier de tarifs d'assurances extrêmement modestes, et si elle ne grimpe pas dans les cotes (les côtes, c'est un autre problème), elle conserve sa valeur, ce qu'aucun véhicule récent n'est en mesure d'apporter. Et si la peur de la panne hante les candidats à une utilisation quotidienne, il faut observer qu'il y a 20 ou 30 ans, la mécanique dominait, et dès lors, toutes les pièces peuvent au pire être refabriquées. On verra ce qu'il en sera dans quelques décennies, quand des microprocesseurs ou des disques durs auront rendu l'âme, dans les anciennes du futur. En résumé, une ancienne et celui qui la possède méritent une cohérence la plus parfaite possible, et quand même une allure "gouleyante".