Les passions les plus ardentes comme les loisirs les plus simples puisent presque toujours leurs sources dans le quotidien, le banal, l'ordinaire…
- KEKEREPUS, février 2018 - Il fut une époque, pas si lointaine, ou un simple aller (ou un "aller simple") du "9-3" vers la capitale permettait à celui qui le voulait de laisser s'installer en lui une affection particulière et intense pour la vapeur. Bruits, odeurs, en fait, toute une scène et une atmosphère devenues les sources d'une instinctive attirance génératrice de passion. Le même mécanisme, dans des formes plus ou moins complexes, a fait naître d'autres thèmes incitant à en prolonger et recréer le ressenti à ceux qui éprouvaient de telles sensations. Des faisceaux de phares dans un crachin de petit matin (l'auto), des pas variables et leur grandiose mélodie au moment d'un alignement en seuil de piste (aérien), etc. Ces instants de jouissance aux origines innombrables ont pourtant pris naissance dans des situations dominées par le quotidien. Permettait ? Et permet encore. A condition que ce quotidien ne tourne pas aux mauvais côtés, les inconforts, les tracas, les galères.
Si, outre l'uniformisation du voyage dans des TGV qui se ressemblent tous et dans lesquels l'essentiel du temps passé se résume à de longs moments face à un écran de smartphone, de tablette, de notebook ou de console de jeu, ce qui devait être un rapide trajet se transforme en un blocage sans la moindre information en rase campagne (par exemple), le charme ne peut apparaître que bien difficilement.
Pas question de résumer ici tout ce qui est à même de contrarier le moindre déplacement, court ou long. Les mémoires de nos hébergeurs risqueraient la saturation. Or, bien souvent, il suffirait de pas grand-chose pour que des impondérables et leurs conséquences se transforment en moments tolérables, ou mieux encore, ce qui est à l'heure actuelle indissociable du scandale…?
Quand chaque rame de TGV sera-t-elle dotée d'un nécessaire pour choyer les voyageurs si un incident vient à perturber un trajet, remboursement dans la rame inclus …? A 3 milliards d'euros de déficit annuel, en plus des subventions via l'argent des contribuables, ce surcroît de frais serait une goutte d'eau dans l'amer…
Quand pourra-t-on aller faire pipi si besoin dans les rames de RER, et y boire un café en mangeant une tartine ou un croissant ? Ce qui implique une question "induite" : pourquoi les trains du quotidien ne sont-ils pas aussi confortables et agréables que ceux de l'occasionnel, puisque justement, ceux qui les utilisent le font à longueur de vie professionnelle…? Voilà, à peine survolée, la raison pour laquelle il est indispensable de parler du "train d'aujourd'hui" dans un contexte consacré aux loisirs, car c'est dans ce quotidien que dans des proportions extrêmement dominantes, naissent ces loisirs qui, en modélisme ou autres pratiques, les distractions à connotation ferroviaires prennent leur source. Il en va bien entendu de même pour beaucoup d'autres passe-temps.
* Photo : une ambiance des années 50 ou début 60, banlieue Nord, Paris. Cette image est extraite d'un clip visible sur Youtube, qui illustre "J'entends siffler le train", par Richard Anthony.