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Peut-on encore faire rêver avec l'automobile dont on s'acharne quotidiennement à détruire la réputation...?

 

> > > "Vive la belle et prestigieuse auto française...!" C'est ainsi que l'on pourrait résumer l'accueil et les commentaires que les médias enchaînent pour saluer deux naissances et renaissances à la fois, celles de la nouvelle Alpine et de la nouvelle DS.

 

Pour les moins jeunes, ces deux autos qui se préparent à faire leurs premiers tours de roues en 2018 débarquent avec d'emblée un léger décalage dans les évocations. Les deux nouvelles venues sont volontairement classées dans le haut de gamme. Or, l'Alpine n'était pas un véhicule de haut de gamme, mais une auto pour passionnés expérimentés. 300 kilomètres dans une Alpine bien pilotée (donc en sachant tenir un volant dans le sens plutôt compétition de la formule) était plus éprouvant qu'un Paris Marseille rapide dans une banale 504 Peugeot. La DS n'était pas davantage un vrai haut de gamme et encore moins véhicule de luxe. Elle est née quand tout français en passe de faire fortune s'offrait volontiers une américaine avant que les Mercedes et berlines Jaguar ne l'emportent sur le plan du confort, des performances et de l'image sociale, en gros, la classe. A l'origine véritable usine à gaz technique démoralisant le réseau pour la moindre réparation et chef d'œuvre d'un design qui suscitait souvent le commentaire "l'aide comme un crapaud", cette création avait toutefois une qualité reconnues comme unique avec sa suspension. Laquelle a conservé durant toute son existence un grave inconvénient jamais corrigé bien qu'ultra connu. On ne compte pas les anciens bambins qui ont souffert du mal de mer aux places arrières de cette auto bien particulière, et ont vite compris à quoi servait un "sac à vomir".

 

 

C'était la belle époque où, au moins quai de Javel, l'avis de la clientèle comptait pour... du beurre. Sous motorisée jusqu'à ses dernières années (avec la 23 à injection), cette berline a surtout assis son image grâce aux versions noires du personnel politique et des patrons de grandes firmes, grands commis de l'Etat et notables imités par d'autres propriétaires, chefs de PME notamment, ne pouvant s'offrir d'autres choses pour la réputation (un patron français ne peut rouler qu'en voiture française) et pour le coût, les vrai haut de gamme, étrangers forcément, étant limités (très volontairement) en parts de marché par des taxes et vignettes de taille astronomique.

 

En fait, à l'heure des Alpine et DS de la grande époque, Richard Anthony, Antoine et Thierry le Luron roulaient en Mercedes 600, le regretté Johnny courait le Monte-Carlo en Mustang, et la 280 SL (Mercedes) était le vrai haut de gamme sobre mais efficace pour la classe moyenne un peu supérieure, d'autant que sous la même robe exactement, et en ôtant le sigle arrière si ressenti comme nécessaire, elle pouvait être en toute discrétion 350 ou même 450, ni trop vu, ni trop,connu.

 

Aujourd'hui, les deux lancements évoqués tombent un peu comme des cheveux dans le bouillon. Car depuis la lointaine époque de sa véritable gloire, l'auto a bien changé. Elle est devenue cancérogène par pollution interposée, symbole de gaspillage par sa propension à se renouveler à chaque changement de mode, destructrice de la planète dont elle épuise les ressources fossiles, engin de mort au delà de la vitesse radarisée, ringarde aux yeux de tous ceux, municipalité parisienne incluse, qui lui préfèrent un lugubre et poussiéreux vélo gratuit et communautaire... Bref, l'auto, c'est devenu la honte, le mauvais, le truc à éliminer d'abord. Certes, cette vision n'est que celle d'une tranche, probablement largement minoritaire, de notre population, comme viennent de le démontrer les embouteillages à proximité des centres commerciaux et sur la route des cimes enneigées.

 

Même l'industrie est en passe de changer de concept, ce qui n'arrange rien, au contraire. Elle caresse le rêve d'ôter à l'auto son statut de bien d'équipement dont se dotent individus et ménages, pour d'en faire un vecteur de services qui lui permet de facturer un abonnement mensuel à chaque utilisateur, ce durant tout la vie durant de l'engin. Une sorte d'iTunes de la route, le rêve de l'iPhone vécu tout éveillé. Un superbe mirage dont on reparlera... Autre fantasme, s'il fut une époque où notre industrie, pilotée par des gens qui n'avaient rien à faire dans ce métier, espéraient vendre beaucoup de leurs autos en Amérique, aujourd'hui, jalousant le succès des allemandes, c'est vers la Chine que les objectifs sont orientés. Personne n'ose leur dire que le premier marché qui devrait être visé est celui de l'Hexagone. Il est vrai que les légendes de l'Alpine et de la DS en Chine ne représentent pas grand chose. Osons suggérer une vielle ficelle à ces ambitieux du charme de l'automobile retrouvé... Que PSA offre une nouvelle DS à Louane, que Renault offre une Alpine à Vianney, avec pour mission de beaucoup se montrer avec elles... 

Résumons. L'auto est un marché de l'envie. Le transformer en marché de la raison et du calcul est une erreur mortifère pour cette industrie.

 

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Tag(s) : #- ACTUS, #- AUTO de MAINTENANT
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