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Non, il n'y a pas que des admirateurs béats de ce supersonique qui venait de se poser pas loin de Long Beach...

 

Le 19 octobre 1977 à 11 h 10, heure locale, le Concorde 01 se posait à New York. Arrivant de Toulouse, il ponctuait un vol de 225 minutes, un point de départ qui, avec le recul, ressemblait aussi au début d'une fin que de rares observateurs osaient d'écrire comme inéluctable.

 

Est-ce sacrilège de ne pas tout admirer de notre "bel oiseau", même si sa réalisation fut incontestablement un plutôt bel exercice…? Cet avion horriblement coûteux (notamment pour les contribuables), franco-britannique, mais sans doute un peu plus franco que d'outre-Manche*, a souffert de l'irréductibilité des autorités et associations américaines, dans un élan de protectionnisme typique de cette grande nation, mais pas seulement. Car il y avait du vrai, beaucoup de vrai, dans ce que reprochaient les opposants à la venue du "bel oiseau" dans le ciel de l'Oncle Tom. A commencer par le bruit, pas qu'un argument de lobby. Sur le parking d'un grand centre commercial jouxtant l'aéroport Kennedy, l'auteur de ces lignes avait dès 1975 perçu "l'amplitude" du problème. Avec un transport aérien qui, déjà, explosait littéralement aux USA (laissant le train lourdement dépérir), le rythme d'un décollage toutes les deux minutes était une réalité. Des supersoniques aussi perturbants, à ce rythme, était indiscutablement une perspective inacceptable. Ce point et quelques autres ont aussi, pesé très lourd dans la balance. Le bang supersonique, aujourd'hui encore indomptable, est à imaginer dans le trafic actuel qui voit des centaines de vols quotidiens sur l'Atlantique Nord vers l'ouest et autant dans l'autre sens, et donc ne permettant la vitesse du son seulement franchissable, sauf à se comporter dans un style voyou, lors du survol de l'océan, finalement assez bref, à condition que les pêcheurs et intervenants de la marine marchande soient dotés de tampons auriculaires isolants efficaces.

Caprice industriel ou stratégie erronée, cet appareil que certains ont élevé au rang de divinité n'avait en effet pas que des atouts. Il témoigne aujourd'hui encore d'une époque où l'Hexagone se perdait dans des chantiers vertigineux, sous la houlette de dirigeants qui songeaient plus à subventionner des projets supposés de prestige national que des réalisations à vendre (paquebot France, Honeywell, TGV**…). Chantiers à propos desquels tout n'est pas totalement limpide et dont les promoteurs, à notre époque où tout se fouille et est l'objet d'investigations (parfois dans un excès inverse) par médias et réseaux sociaux, auraient quelques explications à donner. Exemple. Comment les couples de moteurs accolés ont-ils pu être certifiés alors que l'on savait pertinemment que cette proximité condamnait la paire si un seul des deux propulseurs venait à exploser ? Et si seulement ce bel oiseau avait été en mesure de poursuivre un décollage avec seulement la moitié de sa puissance...

 

Bref, on n'a pas fait la fête, il n'y a pas eu de rétrospectives multiples sur les chaînes de télévision. Profil bas. C'est peut-être mieux comme ça.

 

* Nos cousins d'outre-Manche se sont fait "un peu" prier pour entrer dans la danse.

** Autre gloire bien vendue aux… Français principalement et dont la facture surgit désormais.

 

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