Un modèle économique inédit pour l'automobile et son industrie pourrait surgir, inspiré et imprégné des acquis du numérique.
De l'autonomisation des véhicules à l'élimination programmée des carburants fossiles, la route semble tracée. Il y a bien longtemps que tout le monde ou presque a compris que dans l'industrie, ce qui est source de profitabilité n'est pas le produit, mais les services et les consommables qui en nourrissent l'utilisation. C'est dans ce schéma que l'industrie de l'automobile semble s'être engagée. Alors que les taux d'équipement sont au maximum, que la montée en technicité devient de plus en plus synonyme de coûts grandissants, l'automobile vit sous l'influence d'une évolution plus radicale que jamais.
Dans la situation présente, et donc presque archaïque, l'auto apparaît, soudain et en même temps de plus en plus un crève-cœur pour tout industriel et son réseau. Jugez plutôt.! Sitôt acquis, le véhicule et son acheteur se perdent dans la nature. Tout au plus, restent-t-ils quelques mois, en gros deux ans presque fermes, dans la proximité de la marque, par crainte qu'un pépin ne soit pas couvert par la sempiternelle garantie. Au-delà, ce sont essentiellement des relations conflictuelles entre constructeur et utilisateur qui subsistent, et semblent prendre le pas. Une pompe à eau qui lâche prématurément, un turbo défaillant, un débimètre d'air capricieux, ça va chauffer ! Et que dire des rappels pour des pièces de sécurité qu'il faut changer sans frais. La liste des motifs d'une "amère revoyure" sur fond de grimace est longue. Pourtant l'âge moyen d'une automobile en France approche doucement 9 ans (et nettement plus outre-Atlantique), période au cours de laquelle la berline ou le SUV poursuivent leur vie sans grande relation avec leur géniteur, voire sans relation du tout.
Ceux qui ont eu, de temps à autres, l'idée de comparer automobiles et smartphones ont touché du doigt les différences entre les modèles économiques. Le vieil iPhone d'occasion reste une source de recettes, la vénérable guimbarde, non. Deux occasions se présentent cependant pour que ce monde de l'industrie auto se rapproche, à sa façon, de celui des mobiles. Mettre en œuvre un véhicule autonome ne peut se faire qu'à travers la connexion à une palette de services, assortie d'actualisations en tous genres. Abonnements incontournables. Les prix des véhicules désormais surtout exprimés en coûts mensuels, comme à la location, vont dans ce sens.
Et l'alimentation électrique ! Quelle aubaine ! Doucement, nous voyons apparaître les prises (les connecteurs) et les réseaux de recharge. Second cordon ombilical qui se dessine dans la vie future de l'auto. Car de cette façon, l'industriel devrait aussi pouvoir rentabiliser la fourniture de l'énergie, qu'il va organiser, contrôler. Ces deux fonctions essentielles combinées en entraînent une autre. Si un utilisateur en a assez du véhicule dont il se sert depuis trois ou quatre ans, pas de souci pour le remettre à jour et lui redonner du potentiel afin de satisfaire un nouvel utilisateur, quitte à remplacer ce qui se voit : moquette, sièges, etc. C'est une affaire qui roule… mais qui va plonger dans une terrible nostalgie tous ceux, nombreux, qui aimaient l'auto classique. Rassurons-nous, celle-ci vivra aussi. Ne vend-on pas plus, et de plus en plus, de disques en vinyle…?