Les bilans hécatombes de jadis ne sont plus dans les mémoires...
Radars, avertisseurs de dangers, permis à points, les sujets qui animent l'actualité de l'automobile d'aujourd'hui ne manquent pas. Ils donnent lieu à des débats passionnés où il arrive que l'ignorance et un peu de mauvaise foi s'invitent sans provoquer beaucoup d'émoi. D'où ce petit retour il y a pile 40 ans. En 1977, 13.104 personnes avaient perdu la vie sur la route. 257.698 accidents de la circulation s'étaient produits sur nos voies de circulation, alors que le parc d'automobiles comptait moins de 19 millions de véhicules particuliers et petits utilitaires, à comparer aux 37 millions d'aujourd'hui.
Le bilan de 1977, en dépit de son gigantisme, était pourtant en recul net. Le nombre d'accidents chutait modestement de 1,4%, mais celui des tués de 5%. Sur le réseau suivi par la seule gendarmerie, qui répertoriait 9.237 des plus de 13.000 victimes, 3.200 environ étaient des piétons ou des usagers de deux roues.
Ces données anciennes soulignent que le cœur de la stratégie pour réduire le nombre de victimes, essentiellement fondé sur la vitesse et la répression, est loin d'être pertinent. Car un tel repli a été obtenu par des facteurs multiples, dont la sécurité passive des véhicules (absorption des chocs, ceintures, coussins gonflables...), la sécurité active (tenue de route, ABS...), la qualité des réseaux routiers (dont la signalisation, lourdement défectueuse sur notre territoire), des éléments qui ont entraîné des replis de l'insécurité très comparables entre pays européens. Avec les niveaux actuels, qui restent trop élevés, les nouvelles conquêtes ne se feront que dans des proportions arithmétiquement plus réduites. Et d'excellents résultats ne pourront venir que de mesures combinées entre l'état du réseau, le comportement des conducteurs, et sans doute la mise hors-jeu de certaines idées fausses. Sans parler d'un indispensable désaccouplement des objectifs de sécurité et de recettes de l'Etat.