Le premier bien d'équipement des ménages* à la peine… capitale.
Un jour sans auto ! Une pause, un moment de calme, une respiration, pourquoi pas.? Malheureusement, il semble que cet interlude dans le flux permanent d'une vie certes fort trépidante dissimule de plus en plus mal la jubilation des adeptes d'une autophobie rampante magnifiée. Pour certains, pas de doute, une journée sans auto dans une grande partie de la capitale, quelle joie ! En attendant intimement de voir la ville tout entière désautomobilisée... Pas de bagnole durant une journée presque totale, quel pied ! Avec l'espoir que l'opération se propagera dans un proche futur aux 364 autres jours de chaque millésime... Mieux encore tous les quatre ans.
Si l'organisation d'une telle journée a des aspects sympathiques que nous partageons, à Paris comme dans d'autres villes en France et à l'étranger, elle se glisse cependant dans une lourde tendance anti-auto qui l'est beaucoup moins. Cette vague qui prend de l'ampleur, derrière ses alibis aux apparences louables, ressemble aussi et de plus en plus à une très inconfortable aversion (devrait-on dire "racisme"?) d'une minorité envers ceux qui se laissent aller à utiliser cet horrible engin qui, insensiblement, migre du statut de conquête pour l'homme à celui de mal nécessaire, et est déjà installé dans bien des esprits tel un mal à éradiquer.
Pourtant, l'automobile reste bel et bien une conquête technique majeure. Elle a métamorphosé sans retour possible le déplacement porte à porte, dans l'utile comme dans l'agréable. Pour se rendre au travail, faire ses courses hebdomadaires, partir en week-end ou en vacances, emmener les enfants chez la nounou. Elle permet aux personnes âgées de conserver le plus longtemps possible une autonomie que l'arthrose et autres menus tracas du troisième âge obèrent inexorablement. Elle permet à ceux qui travaillent et le font d'une manière mobile avec quelques charges à transporter (outillage d'artisans, échantillons et catalogues de commerciaux, ordinateurs ou mallettes de médecins...) d'exercer leur métier. Elle permet même d'aller fissa jusqu'à la maternité quand un heureux événement se précipite soudain. Détail qui n'est pas sans importance, elle permet même de faire des économies pour tout déplacement à plusieurs, en famille, entre collègues, en co-voiturage, etc.
Oui mais les particules fines, les gaz à effet de serre, les affections pulmonaires... oubliés, ignorés, ces inconvénients et même ces nuisances ? Non, naturellement. L'industrie elle-même ne les a pas sous-estimé. Il suffit de contempler les progrès accomplis dans le rendement des moteurs thermiques en quelques décennies. Tout véhicule d'aujourd'hui consomme entre deux et trois fois moins que son équivalent d'il y a une trentaine d'années. Tout n'est d'ailleurs pas si négatif que certains le laissent supposer dans la relation entre la voiture et la santé publique. On lui reproche de détériorer celle-ci en oubliant que les meilleurs propagateurs des épidémies rhino-pharyngées et grippales restent les transports en commun.
Surtout, rappelons que les études signées des instances écologiques les plus en pointe attribuent 30% de la pollution aux transports (un pourcentage qui a d'ailleurs subi bizarrement un "arrondissement" par rapport aux 25% mis en avant il n'y a pas si longtemps), avions, trains et bateaux inclus. Dans les zones urbaines, industrielles comme résidentielles, le reste provient du chauffage et des outils de production. Puisque tout vire à l'électricité, ne serait-il pas plus commode de convertir le chauffage intra-muros à la fée des électrons, ce qui serait aussi efficace qu'un arrêt total de toute circulation, et plus simple, car à la différence de l'automobile, le parc immobilier est... immobile. Et en attendant, à quand la journée sans chauffage ?
* Après la résidence principale, l'automobile est la première dépense des ménages en "biens durables".