Plus de diesel, plus d'essence, comment fait-on ? Question à connotation plus fiscale qu'on le croit...
Un membre éminent du nouveau gouvernement vient de brosser il y a quelques semaines les grandes lignes d'un planning. Plus d'automobile à moteur thermique, essence ou diesel, dès 2040 ! Tout électrique ! Exécution !
Naturellement, on a bien entendu quelques remarques, mais finalement assez peu. Probablement parce que rares sont ceux qui croient réellement possible cette conversion, dont l'utilité reste en outre à démontrer. Si le but est de réduire la pollution, c'est raté. Car pour produire l'électricité destinée à animer les moteurs de nos futures limousines, berlines et SUV, il y a certes le vent, le soleil, les barrages... Il y a aussi l'énergie nucléaire, dont les tenants de l'auto survoltée ne veulent pas. Et il reste le charbon, le gaz, le pétrole (et même le "pétrole sale", selon une expression destinée à nos cousins canadiens qui exploitent des hydrocarbures venant des schistes et autres bitumes). Mais en additionnant tous les rendements successifs de cette chaîne (production + charge batteries + décharge de ces dernières + enfin moteur et accessoires), aucun mécanisme n'ayant pour propriété de fournir une puissance égale à ce qu'il absorbe, nous voilà partis dans un enchaînement style dominos difficile à dominer (essence et gazole réduisant ces pertes de rendement grâce à une utilisation tout à fait directe). Mais la question n'est pas là.
Pour animer ces auto, il faut des batteries, qui pour l'heure assurent des autonomies de dépassant pas, dans la pratique, les 350 à 400 kilomètres. Et le plein ne se fait pas en quelques minutes, comme le passage à la pompe d'aujourd'hui. En outre, les plus récentes de ces batteries (Li-ion ou autres variantes) ont une durée de vie de l'ordre de 2000 cycles. Recharge, décharge, recharge... etc. Que va-t-on en faire, une fois usées, quand on sait que l'on détruit déjà l'avenir de la planète en jetant dans la nature une simple pile de montre ? Mais la question n'est toujours pas là.
Selon des études dites sérieuses, il y aura (aurait...) 30% du parc converti à l'électricité en 2030. Soit entre 10 et 15 millions de véhicules, à la louche, instrument largement assez précis pour étayer le raisonnement auquel il est impossible d'échapper. Sachant ce que puise l'Etat en recettes fiscales, notamment sur les carburants, celui qui est plus providence pour lui que pour ses assujettis saura-t-il se passer d'une telle part du gâteau pétrolier ? Cela sans même évoquer la solide subvention que les acquéreurs reçoivent pour un achat dont on ne sait si elle sera maintenue, supprimée, réduite, augmentée...
Dans un tel projet, la quadrature du cercle est finalement moins technique qu'économique. Là est toute la question.