Il y a un authentique patrimoine culturel dans l'automobile d'hier, notamment française. Yves Dupré, créateur et animateur du blog Kélérépus, souhaite la voir traitée comme les autres domaines culturels.
L'industrie des jeux vidéo a mis plusieurs années et a dû franchir bien des obstacles pour être enfin reconnue comme le véritable champ de création culturelle qu'elle est, au même titre que le cinéma, et dès lors, pour bénéficier d'un traitement fiscal adapté à sa condition.
En revanche, pour l'automobile, cette approche qui serait totalement justifiée n'a guère été évoquée. Et pourtant, à l'heure ou des dizaines de milliers d'individus se pressent dans les allées du salon Rétromobile, la reconnaissance de cette réalité culturelle est totalement et implicitement constatée de tous côtés. Les médias soulignent à l'unanimité cette spécificité, qui tranche avec des élans autophobes regrettables.
Comme le jeu vidéo ou le cinéma, notre Hexagone fait partie des pays peu nombreux ayant dans ce domaine une industrie très active. Qui plus est, celle-ci figure parmi les plus anciennes de la planète et, spécificité qui la rend peut être unique dans l'univers, elle a nourri au fil des décennies une intime relation avec une autre grande spécialité française : les produits de luxe.
Des collectionneurs de véhicules de rêve et de légende, aux valeurs parfois inestimables, jusqu'aux humbles passionnés faisant revivre quelques anciennes -parfois même une seule- moins prestigieuses ou même très populaires, c'est un immense patrimoine qui est ainsi préservé. Un patrimoine dans lequel se côtoient la technique, le design, l'esprit d'innovation, des cultures de métiers, sans oublier des marqueurs sociétaux aussi historiques qu'indélébiles, des taxis de la Marne jusqu'aux premiers départs en congés payés, des conquêtes sociales chez nos constructeurs aux spectaculaires compétitions suivies dans le monde entier.
Un tel univers est précieux, et le sera encore davantage dans le contexte inévitable d'une concurrence mondiale où l'expérience, le savoir-faire et l'antériorité seront des atouts indispensables. C'est en raison de ce constat qu'il semble opportun de consolider les fondements de ce champ d'activité, en appliquant à l'ensemble du domaine des véhicules de collection, véhicules, accessoires, services, une fiscalité similaire à celle des autres univers culturels reconnus. Cette requête est, il faut bien en avoir conscience, un défi d'ampleur. Mais justement, à l'heure où des rendez-vous citoyens majeurs se préparent, le moment est sans doute le bon pour amorcer cette évolution dont, si elle aboutit, nombreux seront ceux qui s'en féliciteront. Nous en reparlerons prochainement. Faites-le savoir.